Page:Michelet - Comme jadis, 1925.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.
165
COMME JADIS…

Désirez-vous, Gérard, que je cherche à me justifier du reproche d’incompréhension que vous m’adressez ? Non, n’est-ce pas ? car, à une nouvelle lecture de ma lettre, vous aurez découvert les scrupules qui m’ont fait vous écrire ainsi que je l’ai fait. Et puis, mon ami, sachons le reconnaître. Malgré l’intimité de notre correspondance, en dépit de notre lien de parenté, nous sommes deux étrangers qui ne se sont jamais vus, qui ont été élevés, et qui vivent dans des milieux tellement différents ! Fatalement, il doit survenir, un jour ou l’autre, de fausses interprétations, de légers malentendus… Le jeu d’une physionomie connue peut s’imaginer à distance et changer tout le sens d’une phrase… Ce n’est pas la petite photo envoyée qui vous aura appris mon visage triste, sérieux, compatissant. Dites-moi, l’avez-vous vu penché ainsi au-dessus des lignes ?…


Oui, je me suis arrêtée, hier soir, parce que je vous aurais peut-être dit des choses injustes, et aussi parce que j’ai été transie, à l’idée que nous allions nous quereller. Il est préférable que nous en restions à notre première querelle, celle du début…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Jamais je n’ai eu l’impression aussi nette de notre défense sauvage contre le froid. Comment gourmander Mourier quand il maugrée contre la