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COMME JADIS…

avez la vaillance des races nouvelles. Vous êtes, Minnie, le jeune rameau du vieil arbre.

Il m’arrive de vouloir me redresser, je ne sais quel ressort est brisé en moi : je me retrouve courbé, vieilli. Et je n’ai pas trente ans ! Et, un jour, je me suis senti capable de talent, de volonté, rien qu’en songeant avant l’effort à l’amour que je magnifiais, pauvre naïf !… Quelle pitié !…

Pourquoi vous attrister de ma lamentable histoire ? En ai-je le droit ?

Parlez-moi de vous. Je veux des détails sur le miracle de votre enfance merveilleuse entre ce père tendrement chéri et la vérité de la nature. Vous croyez m’avoir dit beaucoup de ce qui vous entoure et je sais si peu de la solitude libre de votre jeunesse, de votre collaboration à l’œuvre de vie que vous avez vu éclore sous vos yeux.

Parlez-moi. Il faut que votre chère voix résonne entre mes vieux murs. Que ce soit bientôt, si votre pitié pour votre vieux cousin n’est morte.

Gérard.

DU MÊME À LA MÊME

Minnie, les jours passent sans qu’il ne me vienne rien de vous… Pourquoi ce silence ?… Les lettres ne parviennent-elles plus jusqu’à votre désert de neige, ou la lassitude de vous pencher, maternelle.