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les singulières propriétés de l’aimant, ne réfléchissaient point que nous les retrouvons ordinairement dans le feu : en effet, les trois propriétés les plus surprenantes de l’aimant sont : d’attirer le fer, de lui communiquer sa vertu magnétique, et de se diriger vers le pôle. Or, rien n’est plus commun que de voir les matières inflammables prendre feu à distance, le feu en tournoyant produire la flamme qui nous donne la lumière, et la flamme se diriger vers son zénith ; de sorte que si l’aimant était aussi rare que la flamme, et la flamme aussi dense que l’aimant, l’aimant ne se dirigerait pas vers le pôle, mais vers son zénith, et la flamme non plus vers son zénith, mais vers le pôle : que serait-ce si l’aimant ne se dirigeait vers le pôle que parce qu’il est la partie la plus élevée du ciel vers laquelle il puisse tendre ? On peut même l’observer dans les pointes magnétiques placées au bout de quelques aiguilles un peu longues : tandis qu’elles se dirigent vers le pôle, on les voit s’efforcer vers leur zénith, si bien que sous ce rapport déterminé par les voyageurs en différents lieux où cette élévation serait plus forte, l’aimant pourrait donner une juste appréciation des latitudes, recherche si précieuse pour porter la géographie à sa perfection.

Cette idée plut beaucoup au signer Doria, et Vico la poussa plus loin pour l’appliquer à la médecine. Ces mêmes Égyptiens qui désignaient la nature par la pyramide, adoptèrent la théorie médico-mécanique du rare et du dense, théorie que le savant Prosper Alpine a enrichie des trésors de son érudition. D’autre part, Vico s’apercevait que personne n’avait fait usage de la théorie du chaud et du froid, tels que les définit