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homme universel dans les langues et les sciences. Il avait toujours vu Vico de mauvais œil, non qu’il l’eût mérité, mais parce qu’il n’aimait pas les hommes de lettres qui avaient pris contre lui le parti de Capoa, dans une grande dispute littéraire élevée à Naples longtemps auparavant, et qu’il est inutile de rapporter ici. A un concours des aspirants aux chaires de droit, il appela Vico, le fît asseoir auprès de lui, et lui dit qu’il avait lu sa petite brochure (une dispute de préséance avec le premier lecteur en droit canon l’empêchait d’assister aux ouvertures), ajoutant qu’il le croyait homme dont chaque page donnerait matière à de gros volumes. Cette politesse et cette bienveillance d’un homme d’ailleurs si rude dans ses manières et si sobre de louanges, firent comprendre à Vico toute la magnanimité d’Aulisio à son égard, et il se lia dès lors avec ce savant distingué d’une étroite amitié, qui dura toute leur vie.

Cependant la lecture du livre de Bacon De sapientia veterum, traité plus ingénieux et savant que vrai, le porta à rechercher les principes de la science dans les fables des poètes ; il avait en outre l’autorité de Platon qui, dans son Cratyle, a recherché les mêmes principes dans les origines de la langue grecque. Mécontent des étymologies des grammairiens, il s’appliqua à tirer les siennes des origines des mots latins. En effet, la science italique fleurit de bonne heure dans l’école de Pythagore, plus profonde que celles qui s’établirent plus tard dans la Grèce même. Un jour que dans la maison du signer D. Lucio di Sangro Vico parlait de ses principes physiques avec le signer Doria, il fit remarquer que les physiciens, en admirant