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dans lequel on a cru voir un homme, doit périr comme homme, fondre au flambeau de la nouvelle critique ; disons mieux, il va plutôt grandir, il va devenir un être collectif, une école de poètes, de rhapsodes, d’homérides ; que dis-je une école ? un peuple, le peuple grec, dont les rhapsodes n’ont fait que répéter, moduler les traditions poétiques.

Le poète grec n’est ici qu’un exemple. Autant vaudrait tout poète primitif de tout autre peuple ; autant tel ou tel des législateurs antiques. Numa ou Lycurgue, Minos ou Hermès, pourrait figurer ici comme Homère. Les législations, les religions sont, aussi bien que les littératures, l’ouvrage, l’expression de la pensée des peuples. Ici je demande la permission de me citer un instant moi-même.

« Le mot de la Scienza nuova est celui-ci : l’humanité est son œuvre à elle-même. Dieu agit sur elle, mais par elle. L’humanité est divine, mais il n’y a point d’homme divin. Ces héros mythiques, ces Hercule dont le bras sépare les montagnes, ces Lycurgue et ces Romulus, législateurs rapides, qui, dans une vie d’homme, accomplissent le long ouvrage des siècles, sont les créations de la pensée des peuples. Dieu seul est grand. Quand l’homme a voulu des hommes-dieux, il a fallu qu’il entassât des générations en une personne, qu’il résumât en un héros les conceptions de tout