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les lettres étaient bannies, et qui se serait ainsi écroulé de lui-même, si les perfides chrétiens de la Grèce, et plus tard ceux de l’Italie, ne les eussent instruits de temps à autre dans la tactique et la discipline militaires.

Dans le sixième Discours, prononcé en 1707, Vico traita à la fois et du but et de l’ordre des études. La connaissance de notre nature déchue doit nous exciter à embrasser dans nos études, dit-il, l’universalité des arts et des sciences, et nous indiquer l’ordre naturel dans lequel nous les devons apprendre. Il fait rentrer son auditeur en lui-même, observant que l’homme, en punition du péché, est divisé avec lui-même de langue, d’esprit et de cœur. En effet, la langue ne seconde pas toujours, et trahit souvent les idées, au moyen desquelles l’homme veut et ne peut communiquer avec ses semblables ; l’esprit enfante mille opinions différentes, nées de la diversité des goûts et des sentiments qui empêche les hommes de s’accorder ; et enfin, par suite de la corruption du cœur, l’uniformité des vices est loin de pouvoir concilier les hommes. Il prouve donc que l’on doit guérir cette corruption par la vertu, la science et l’éloquence, trois choses qui établissent l’identité de sentiment parmi les hommes. — Il examine ensuite l’ordre que l’on doit suivre dans les études, et prouve que si les langues ont contribué le plus puissamment à former la société, nos études doivent commencer par elles ; car elles sont du ressort de la mémoire, faculté spéciale de l’enfance ; que les enfants, inhabiles à se diriger par le raisonnement, doivent se régler sur des exemples qui les excitent, et dont puisse s’empreindre leur