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de types aux révolutions de l’histoire universelle de tous les temps. Se réglant sur certains caractères éternels que présente le mouvement social dans la naissance, l’établissement et la décadence des peuples, il se créait le sage de Platon et celui de Tacite, dont l’un aurait la sagesse spéculative et l’autre la sagesse pratique.

Alors seulement il vint à connaître les ouvrages de Bacon, homme vraiment incomparable, qui réunissait les deux sagesses, la théorique et la pratique, comme profond philosophe et grand ministre d’État. Et pour ne point parler des ouvrages dans lesquels il a été égalé ou surpassé, son livre De augmentis scientiarum nous le montre si grand que, s’il est vrai de dire que Platon est le prince des philosophes grecs, et que les Grecs n’ont pas de Tacite, on peut ajouter qu’il manquait aux Grecs et aux Latins un Bacon, un homme qui pût voir ce qui reste à faire, qui indiquât les défauts de ce qui est fait, qui enfin rendit justice à toutes les sciences, leur conseillant de déposer chacune leur tribut dans le trésor commun de la république des lettres. Or, Vico ayant résolu d’avoir toujours devant les yeux ces trois auteurs, soit qu’il méditât ou qu’il écrivit, arriva peu à peu à dégager les idées qui se produisirent dans le livre De universi juris uno principio, etc.

De là vint que, dans ses discours d’ouverture à l’Université royale, il traita habituellement des sujets généraux empruntés à la métaphysique et appliqués aux usages de la vie civile. Dans les cinq premiers il parlait du but des études, dans le sixième et dans le septième, de la méthode qu’on doit y suivre. Les trois