dans le latin. Comme il avait déjà remarqué que la
publication des lexiques et des commentaires avait
contribué à la décadence de la langue latine, il évita
de se servir jamais de ces livres, ne se permettant que
le Nomenclateur de Junius, pour l’intelligence des
mots techniques, et il lut les auteurs latins sans le
secours des notes, cherchant à en pénétrer le sens
avec une critique philosophique ; à l’exemple des
auteurs latins du seizième siècle, parmi lesquels il
admirait Paul Jove pour son éloquence, Navagero pour
la délicatesse qui caractérise le peu qui nous reste de
lui, et pour le goût et l’élégance exquise qui nous fait
tant regretter la perte de son histoire.
Ainsi Vico vivait non seulement étranger, mais inconnu dans sa patrie. Ces idées, ces habitudes d’un solitaire, ne l’empêchaient pas de révérer de loin comme les dieux de la sagesse les vétérans illustres de la littérature, et de porter une noble et généreuse envie aux jeunes gens assez heureux pour pouvoir s’entretenir avec eux. Il fit connaissance de deux hommes de marque. Le premier fut le frère des signori Francesco et Gennajo, hommes immortels, D. Gaetano di Andrea, théatin, depuis évêque et mort en odeur de sainteté. A la suite d’un entretien que, dans une bibliothèque, Vico eut avec lui sur l’histoire de la collection des canons, le Père lui demanda s’il était marié. Vico lui dit qu’il ne l’était pas ; Gaetano lui demanda encore s’il voulait se faire théatin, et Vico répondit qu’il n’était point de noble origine. Qu’importe ? dit le Père, on obtiendra la dispense de Rome. Alors Vico, craignant de se lier, se tira d’embarras en avouant que ses parents étaient vieux et pauvres,