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sont point dans la dépendance du corps, nous devons les rapporter au même principe qui a tout produit, à l’idée éternelle, incorporelle, qui connaît, veut et crée tout dans le temps, et qui contient en elle et soutient tout ce qu’elle crée. Sur ce principe de philosophie Platon établit en métaphysique que les substances abstraites ont plus de réalité que les substances corpo.relles, et il en déduit une morale favorable aux progrès de la civilisation. L’école de Socrate, d’où sortirent les plus grandes lumières de la Grèce dans les arts de la guerre et de la paix, applaudit à la physique de Timée qui, à l’exemple de Pythagore, compose le monde de nombres, abstraction plus élevée que les points dont Zenon se servit pour expliquer la formation de l’univers. C’est ce que Vico a prouvé dans sa métaphysique ainsi qu’on pourra le voir.

Il apprit bientôt après que la physique expérimentale était à la mode, et que partout on parlait de Robert Boyle. Elle lui parut devoir être utile à la médecine, mais il se garda bien de s’occuper d’une science qui ne servait de rien à la philosophie de l’homme, et dont la langue était barbare. Il se livra de préférence à l’étude de la jurisprudence romaine qui se fonde sur la philosophie des mœurs et sur la connaissance de la langue et du gouvernement de Rome, dont les auteurs latins peuvent seuls donner l’intelligence.

Vers la fin du temps qu’il passa dans la solitude, et qui dura bien neuf années, il sut que la physique de Descartes avait fait oublier tout autre système. Il brûlait du désir de la connaître : déjà, il en avait pris une idée dans la Philosophie naturelle de Regius, que,