Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’il est besoin, mais toujours avec discrétion, quelques concessions naturelles pour en déduire des conséquences auxquelles on ne pourrait autrement arriver, et, à l’aide de ces données, procéder sucessivement des vérités les plus simples et les mieux prouvées aux vérités plus composées, en ayant soin de n’affirmer aucune de ces dernières avant de lui avoir fait subir une complète analyse. Il crut que cette connaissance des procédés géométriques lui servirait simplement à savoir les employer s’il avait jamais besoin de recourir à ce mode de démonstration, et c’est ce qu’il fit en effet d’une manière rigoureuse dans son ouvrage De universi juris uno principio, ouvrage qui parut au signor Jean Leclerc composé avec l’enchaînement sévère de la méthode mathématique, comme on le dira en son lieu.

Pour constater avec ordre les progrès de Vico dans la philosophie, il est besoin de se reporter en arrière. Lorsqu’il partit de Naples, on commençait à étudier Épicure dans le système de Gassendi ; et deux ans après il apprit que la jeunesse embrassait cette doctrine avec enthousiasme. Il voulut donc l’étudier dans le poème de Lucrèce, et cette lecture lui apprit qu’Épicure, niant que l’esprit soit d’une autre substance que le corps, et bornant ainsi ses idées par ce défaut de bonne métaphysique, avait dû admettre comme principe de sa philosophie le corps organisé et divisé en parties multiformes, qui se composaient elles-mêmes d’autres parties entre lesquelles il n’existait point de vide, et que, pour cette raison, il supposait indivisibles (atomes) : philosophie tout au plus bonne pour les enfants et les femmelettes. Tout