blèrent les républiques par la guerre civile, les jetèrent
dans un désordre universel, et d’un état de liberté les
firent tomber dans la pire des tyrannies, je veux dire
dans l’anarchie. A cette affreuse maladie sociale la
Providence applique les trois grands remèdes dont
nous allons parler. D’abord il s’élève du milieu des
peuples, un homme tel qu’Auguste, qui y établit la
monarchie. Les lois, les institutions sociales fondées
par la liberté populaire n’ont point suffi à la régler ;
le monarque devient maître par la force des armes de
ces lois, de ces institutions. La forme même de la
monarchie retient la volonté du monarque, tout infinie
qu’est sa puissance, dans les limites de l’ordre naturel,
parce que son gouvernement n’est ni tranquille ni
durable, s’il ne sait point satisfaire ses peuples sous
le rapport de la religion et de la liberté naturelle.
Si la Providence ne trouve point un tel remède au dedans, elle le fait venir du dehors. Le peuple corrompu était devenu par la nature esclave de ses passions effrénées, du luxe, de la mollesse, de l’avarice, de l’envie, de l’orgueil et du faste. Il devient esclave par une loi du droit des gens qui résulte de sa nature même ; et il est assujetti à des peuples meilleurs, qui le soumettent par les armes. En quoi nous voyons briller deux lumières qui éclairent l’ordre naturel ; d’abord : qui ne peut se gouverner lui-même se laissera gouverner par un autre qui en sera plus capable. Ensuite : ceux-là gouverneront toujours le monde qui sont d’une nature meilleure.
Mais si les peuples restent longtemps livrés à l’anarchie, s’ils ne s’accordent pas à prendre un des leurs pour monarque, s’ils ne sont point conquis par une