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temps les plébéiens romains servirent à leurs dépens les nobles à la guerre. Cet obsequium, avec les charges qui en étaient la suite, fut vers la fin la condition des affranchis, liberti, qui restaient à l’égard de leur patron dans une sorte de dépendance ; mais il avait commencé avec Rome même, puisque l’institution fondamentale de cette cité fut le patronage, c’est-à-dire la protection des malheureux qui s’étaient réfugiés dans l’asile de Romulus, et qui cultivaient, comme journaliers, les terres des patriciens. Nous avons déjà remarqué que dans l’histoire ancienne, le mot clientela ne peut mieux se traduire que par celui de fief. L’origine du mot opera nous prouve la vérité de ces principes. Opera dans sa signification primitive est le travail d’un paysan pendant un jour. Les Latins appellent operarius ce que nous entendons par journalier. — On disait chez les Latins greges operarum, comme greges servorum, parce que de tels ouvriers, ainsi que les esclaves des temps plus récents, étaient regardés comme les bêtes de somme que l’on disait pasci gregatim. Par analogie on appelait les héros pasteurs ; Homère ne manque jamais de leur donner l’épithète de pasteurs des peuples. Nomos, signifie loi et pâturage.

L’obsequium des affranchis ayant peu à peu disparu, et la puissance des patrons ou seigneurs s’étant en quelque sorte dispersée dans les guerres civiles, où les puissants deviennent dépendants des peuples, cette puissance se réunit sans peine dans la personne des monarques, et il ne resta plus que l’obsequium principis, dans lequel, selon Tacite, consiste tout le devoir des sujets d’une monarchie. Par opposition à leurs vassaux ou homines, les seigneurs des fiefs furent