les barbares inondèrent le monde romain, les vainqueurs ne s’entendent plus avec les vaincus. Dans cet âge de fer, on ne trouve d’écriture en langue vulgaire ni chez les Italiens, ni chez les Français, ni chez les Espagnols. Quant aux Allemands, ils ne commencent à écrire d’actes dans leur langue qu’au temps de Frédéric de Souabe et, selon quelques-uns, seulement sous Rodolphe de Habsbourg. Chez toutes ces nations on ne trouve rien d’écrit qu’en latin barbare, langue qu’entendaient seuls un bien petit nombre de nobles qui étaient ecclésiastiques. Faute de caractères vulgaires, les hiéroglyphes des anciens reparurent dans les emblèmes, dans les armoiries. Ces signes servaient à assurer les propriétés, et le plus souvent indiquaient les droits seigneuriaux sur les maisons et sur les tombeaux, sur les troupeaux et sur les terres.
Certaines espèces de jugements divins reparurent sous le nom de purgations canoniques ; les duels furent une espèce de ces jugements, quoique non autorisés par les canons. On revit aussi les brigandages héroïques. Les anciens héros avaient tenu à honneur d’être appelés brigands ; le nom de corsale fut un titre de seigneurie. Les représailles de l’antiquité, la dureté des servitudes héroïques se renouvelèrent, et elles durent encore entre les infidèles et les chrétiens. La victoire passant pour le jugement du Ciel, les vainqueurs croyaient que les vaincus n’avaient point de Dieu, et les traitaient comme de vils animaux.
Un rapport plus merveilleux encore entre l’antiquité et le moyen âge, c’est que l’on vit se rouvrir les asiles, qui, selon Tite-Live, avaient été l’origine de toutes les premières cités. Partout avaient recommencé les