Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

copie de Vulteius à Nicolao Maria Giannattasio, docteur en droit peu connu au barreau, mais très versé dans la bonne jurisprudence, et qui, à force de temps et de soins, s’était fait en ce genre une bibliothèque très précieuse de livres d’érudition. Prévenu par l’immense réputation dont Verde jouissait dans le public, le père de Vico fut fort surpris ; mais, en homme sage, il voulut complaire à son fils : il demanda le Vulteius à Giannattasio, auquel il se souvint d’en avoir livré anciennement un exemplaire (le père de Vico était libraire). Giannattasio voulut apprendre du fils le motif de cette demande, et, sur la réponse de Vico, que les leçons de Verde n’étaient qu’un exercice de mémoire, et que l’esprit souffrait d’être condamné à l’inaction, le digne homme, bon juge en cette matière, fut si charmé de trouver dans un jeune homme cette raison virile, qu’il osa prédire les succès de Vico, et ne lui prêta pas, mais lui donna et le Vulteius et les Institutions canoniques d’Henricus Canisius. Ce dernier auteur paraissait à Giannattasio le meilleur interprète du droit canonique. Ainsi, Aquadies et Giannattasio, une bonne parole et une bonne action firent entrer Vico dans la route du droit civil et ecclésiastique.

Lors donc qu’il eut étudié les institutes du droit civil et canonique, d’après ces textes mêmes, et sans s’inquiéter du programme légal des cinq années de droit, il voulut pratiquer le barreau. Pour seconder ses vues, le sénateur D. Carlo Antonio de Rosa, homme d’une probité reconnue, l’adressa à un honnête avocat, Gabrizio del Vecchio, qui mourut pauvre dans un âge avancé. Comme Vico cherchait l’occasion de se faire aux formes juridiques, le hasard voulut qu’un procès