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passa à la première classe, en récompense de ses succès, sans cependant que les Pères eussent lu ni liste ni rapport, pour me servir de leurs expressions. Sensible à cette injustice, et apprenant que le second semestre n’était qu’une répétition du premier, il quitta le collège, s’enferma chez lui, et apprit dans Alvarez ce que les jésuites enseignaient dans la première classe et dans le cours des humanités. Le mois d’octobre suivant il étudia la logique. C’était la belle saison, et il ne se mettait que vers le soir à sa petite table ; mais il arrivait que sa bonne mère, sortie de son premier sommeil, le priait affectueusement de se coucher, et s’apercevait plus d’une fois qu’il avait travaillé jusqu’au jour, preuve certaine que, croissant à la fois en âge et en science, il soutiendrait avec honneur sa réputation de savant.

Le sort lui donna pour maître le jésuite Antonio del Balzo, de la secte des nominaux. Déjà il avait appris dans les écoles qu’un bon sommoliste est un profond philosophe, et que le meilleur traité de la Somme était de Pietro Ispano ; il en fit donc une étude approfondie. Balzo venant ensuite à lui désigner Paolo Veneto comme le plus subtil commentateur de la Somme, il voulut aussi profiter de cet auteur. Mais trop faible encore pour saisir les développements de cette logique stoïcienne, il faillit s’y égarer, et ne l’abandonna cependant qu’à son grand regret. Découragé (tant il est dangereux d’appliquer les jeunes gens à des sciences au-dessus de leur âge), il déserta l’étude et fut dix-huit mois sans s’y livrer. Je n’adopterai pas ici la fiction que Descartes n’a si adroitement insinuée dans sa Méthode, au sujet de ses études, que pour