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§ II.


Trois espèces de caractères.


Caractères divins, proprement hiéroglyphes. Nous avons prouvé qu’à leur premier âge toutes les nations se servirent de tels caractères. A Jupiter on rapporta tout ce qui regardait les auspices, à Junon tout ce qui était relatif aux mariages. En effet, c’est une propriété innée de l’âme humaine d’aimer l’uniformité ; lorsqu’elle est encore incapable de trouver par l’abstraction des expressions générales, elle y supplée par l’imagination ; elle choisit certaines images, certains modèles, auxquels elle rapporte toutes les espèces particulières qui appartiennent à chaque genre ; ce sont, pour emprunter le langage de l’École, des universaux poétiques.

Caractères héroïques, analogues aux précédents. C’étaient encore des universaux poétiques, qui servaient à désigner les diverses espèces d’objets qui occupaient l’esprit des héros ; ils attribuaient à Achille tous les exploits des guerriers vaillants, à Ulysse tous les conseils des sages[1].

Les caractères vulgaires parurent avec les langues

  1. Lorsque l’esprit humain s’habitua à abstraire les formes et les propriétés des sujets, ces universaux poétiques, ces genres créés par l’imagination (generi fantastici), firent place à ceux que la raison créa (generi intelligibili) ; c’est alors que vinrent les philosophes ; et plus tard encore, les auteurs de la nouvelle comédie, dont l’époque est pour la Grèce celle de la plus haute civilisation, prirent des philosophes l’idée de ces derniers genres et les personnifièrent dans leurs comédies. (Vico.)