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la première nature fut poétique ou créatrice. Qu’on nous permette de l’appeler divine ; elle anima en effet et divinisa les êtres matériels selon l’idée qu’elle se formait des dieux. Cette nature fut celle des poètes théologiens, les plus anciens sages du paganisme, car toutes les sociétés païennes eurent chacune pour base sa croyance en ses dieux particuliers. Du reste, la nature des premiers hommes était farouche et barbare ; mais la même erreur de leur imagination leur inspirait une profonde terreur des dieux qu’ils s’étaient faits eux-mêmes, et la religion commençait à dompter leur farouche indépendance. (Voy. l’axiome 31.)

La seconde nature fut héroïque ; les héros se l’attribuaient eux-mêmes comme un privilège de leur divine origine. Rapportant tout à l’action des dieux, ils se tenaient pour fils de Jupiter ; c’est-à-dire pour engendrés sous les auspices de Jupiter, et ce n’était pas sans raison qu’ils se regardaient comme supérieurs, par cette noblesse naturelle, à ceux qui, pour échapper aux querelles sans cesse renouvelées par la promiscuité infâme de l’état bestial, se réfugiaient dans leurs asiles et qui, arrivant sans religion, sans dieux, étaient regardés par les héros comme de vils animaux.

Le troisième âge fut celui de la nature humaine intelligente et par cela même modérée, bienveillante et raisonnable ; elle reconnaît pour lois la conscience, la raison, le devoir.