Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/552

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’y a point vu l’histoire du droit naturel des peuples héroïques du Latium ; on a cru que les poèmes d’Homère étaient la création du rare génie d’un individu, et l’on n’y a pu découvrir l’histoire du droit naturel des peuples héroïques de la Grèce.


APPENDICE


Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques.


Nous avons déjà montré qu’antérieurement à Homère il y avait eu trois âges de poètes : celui des poètes théologiens, dans les chants desquels les fables étaient encore des histoires véritables et d’un caractère sévère ; celui des poètes héroïques, qui altérèrent et corrompirent ces fables ; enfin l’âge d’Homère, qui les reçut altérées et corrompues. Maintenant la même critique métaphysique peut, en nous montrant le cours d’idées que suivirent les anciens peuples, jeter un jour tout nouveau sur l’histoire des poètes dramatiques et lyriques.

Cette histoire a été traitée par les philologues avec bien de l’obscurité et de la confusion. Ils placent parmi les lyriques Amphion de Méthymne, poète très ancien des temps héroïques. Ils disent qu’il trouva le dithyrambe, et aussi le chœur ; qu’il introduisit des satyres qui chantaient des vers ; que le dithyrambe était un chœur qui dansait en rond, en chantant des vers en l’honneur de Bacchus. A les entendre, le temps des poètes lyriques vit aussi fleurir des poètes tragiques distingués, et Diogène Laërce assure que la première tragédie fut représentée par le chœur seulement. Ils disent encore qu’Eschyle fut le premier poète tragique, et Pausanias raconte qu’il reçut de Bacchus l’ordre d’écrire des tragédies ; d’un autre côté, Horace, qui dans son Art poétique commence à traiter de la tragédie en parlant de la satire, en attribue l’invention à Thespis, qui au temps des vendanges fit jouer la première satire sur des tombereaux. Après serait venu Sophocle, que Palémon a proclamé l’Homère des tragiques ; enfin la carrière eût été fermée par Euripide, qu’Aristote appelle le tragique par excellence,