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Enfin vinrent les aliments assaisonnés. — Homère nous présente comme l’aliment le plus délicat des héros la farine mêlée de fromage et de miel ; mais il tire de la pêche deux de ses comparaisons ; et lorsque Ulysse, rentrant dans son palais sous les habits de l’indigence, demande l’aumône à l’un des amants de Pénélope, il lui dit que les dieux donnent aux rois hospitaliers et bienfaisants des mers abondantes en poissons qui font les délices des festins. — 10. Les héros contractent mariage avec des étrangères ; les bâtards succèdent au trône ; observation importante, qui prouverait qu’Homère a paru à l’époque où le droit héroïque tombait en désuétude dans la Grèce, pour faire place à la liberté populaire.

En réunissant toutes ces observations, recueillies pour la plupart dans l’Odyssée, ouvrage de la vieillesse d’Homère, au sentiment de Longin, nous partageons l’opinion de ceux qui placent l’âge d’Homère, longtemps après la guerre de Troie, à une distance de quatre siècles et demi, et nous le croyons contemporain de Numa. Nous pourrions même le rapprocher encore : car Homère parle de l’Égypte, et l’on dit que Psammétique, dont le règne est postérieur à celui de Numa, fut le premier roi d’Égypte qui ouvrit cette contrée aux Grecs ; mais une foule de passages de l’Odyssée montrent que la Grèce était depuis longtemps ouverte aux marchands

    en conservèrent epulæ, banquets somptueux, le plus souvent donnés par les grands ; epulum, repas donné au peuple par la république ; epulones, prêtres qui prenaient part au repas sacré. Agamemnon tue lui-même les deux agneaux dont le sang doit consacrer le traité fait avec Priam ; tant on attachait alors une idée magnifique à une action qui nous semble maintenant celle d’un boucher ! (Vico.)