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«

de la place que je demandais, il m’a donné l’occasion de composer la Science nouvelle. Le dirai-je ? je me trompe peut-être, mais je voudrais bien ne pas me tromper : la composition de cet ouvrage m’a animé d’un esprit héroïque qui me met au-dessus de la crainte de la mort et des calomnies de mes rivaux. Je me sens assis sur une roche de diamant, quand je songe au jugement de Dieu qui fait justice au génie par l’estime du sage !… 1726. »

Nous rapporterons encore, quoi qu’il en coûte, les dernières lignes qui soient sorties de sa plume : « Maintenant Vico n’a plus rien à espérer au monde. Accablé par l’âge et les fatigues, usé par les chagrins domestiques, tourmenté de douleurs convulsives dans les cuisses et dans les jambes, en proie à un mal rongeur qui lui a déjà dévoré une partie considérable de la tête, il a renoncé entièrement aux études et a envoyé au Père Louis-Dominique, si recommandable par sa bonté et par son talent dans la poésie élégiaque, le manuscrit des notes sur la première édition de la Science nouvelle, avec l’inscription suivante :


AU TIBULLE CHRÉTIEN,
AU PÈRE LOUIS-DOMINIQUE,
JEAN-BAPTISTE VICO,
POURSUIVI ET BATTU
PAR LES ORAGES CONTINUELS D’UNE FORTUNE ENNEMIE,
ENVOIE CES DÉBRIS INFORTUNÉS DE LA SCIENCE NOUVELLE ;
PUISSENT-ILS TROUVER CHEZ LUI AU PORT UN LIEU DE REPOS.


[Après avoir rappelé les obstacles, les contradictions qu’il rencontra, il ajoute ce qui suit] : « Vico bénissait