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C’est dans l’enceinte même de la Grèce que l’on plaça d’abord la partie orientale appelée Asie ou Inde, l’occidentale appelée Europe ou Hespérie, la septentrionale nommée Thrace ou Scythie, enfin la méridionale, dite Lybie ou Mauritanie. Les parties du monde furent ainsi appelées du nom du petit monde de la Grèce, selon la situation des premières relativement à celle des dernières. Ce qui le prouve, c’est que les vents cardinaux conservent dans leur géographie les noms qu’ils durent avoir originairement dans l’intérieur de la Grèce.

D’après ces principes, la grande péninsule située à l’orient de la Grèce conserva le nom d’Asie Mineure, après que le nom d’Asie eut passé à cette vaste partie orientale du monde que nous appelons ainsi dans un sens absolu. Au contraire, la Grèce, qui était à l’occident par rapport à l’Asie, fut appelée Europe, et ensuite ce nom s’étendit au grand continent que limite l’Océan occidental. — Ils appelèrent d’abord Hespérie la partie occidentale de la Grèce sur laquelle se levait le soir l’étoile Hespérus. Ensuite, voyant l’Italie dans la même situation, ils la nommèrent Grande Hespérie. Enfin, étant parvenus jusqu’à l’Espagne, ils la désignèrent comme la dernière Hespérie. — Les Grecs d’Italie, au contraire, durent appeler Ionie la partie de la Grèce qui était orientale relativement à eux ; la mer qui sépare la Grande Grèce de la Grèce proprement dite, en garde le nom d’Ionienne. Ensuite l’analogie de situation entre la Grèce proprement dite et la Grèce asiatique, fit appeler Ionie, par les habitants de la première, la partie de l’Asie Mineure qui se trouvait à leur orient. [Il est probable que Pythagore vint en Italie de Samé, partie du