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L’âge héroïque qui vient ensuite, comprend deux cents années pendant lesquelles nous voyons d’abord les courses de Minos, l’expédition des Argonautes, la guerre de Troie et les longs voyages des héros qui ont détruit cette ville. C’est alors, plus de mille ans après le déluge, que Tyr, capitale de la Phénicie, descend de l’intérieur des terres sur le rivage, pour passer ensuite dans une île voisine. Déjà elle est célèbre par la navigation et par les colonies qu’elle a fondées sur les côtes de la Méditerranée et même au delà du détroit avant les temps héroïques de la Grèce.

Nous avons prouvé l’uniformité du développement des nations, en montrant comment elles s’accordèrent à élever leurs dieux jusqu’aux étoiles, usages que les Phéniciens portèrent de l’Orient en Orèce et en Égypte. D’après cela, les Chaldéens durent régner dans l’Orient autant de siècles qu’il s’en écoula depuis Zoroastre jusqu’à Ninus, qui fonda la monarchie assyrienne, la plus ancienne du monde ; autant qu’on dut en compter depuis Hermès Trismégiste jusqu’à Sésostris, qui fonda aussi en Égypte une puissante monarchie. Les Assyriens et les Égyptiens, nations méditerranées, durent suivre dans les révolutions de leurs gouvernements la marche générale que nous avons indiquée Mais les Phéniciens, nation maritime, enrichie par le commerce, durent s’arrêter dans la démocratie, le premier des gouvernements humains (Voy. le IV « liv.).

Ainsi, par le simple secours de l’intelligence et sans avoir besoin de celui de la mémoire, qui devient inutile lorsque les faits manquent pour frapper nos sens, nous avons rempli la lacune que présentait l’histoire universelle dans ses origines, tant pour l’ancienne Égypte que pour l’Orient plus ancien encore.


De cette manière, l’étude du développement de la civilisation humaine, prête une certitude nouvelle aux calculs de la chronologie. Conformément à l’axiome 106, elle part du point même où commence le sujet qu’elle traite : elle part de chronos, le temps, où Saturne, ainsi appelé a satis, parce que l’on comptait les années par les récoltes ; d’Uranie', la muse qui contemple le ciel pour prendre les augures ; de Zoroastre, contemplateur des astres, qui rend des oracles d’après la direction des étoiles tombantes. Bientôt Saturne monte dans la septième sphère, Uranie contemple les planètes et les étoiles fixes, et les Chaldéens, favorisés par l’immensité de leurs plaines, deviennent astronomes et astrologues en mesurant le cercle que ces astres décrivent, en leur supposant diverses in-