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relle. — D’après toutes ces considérations, les républiques doivent être alors des aristocraties naturelles, c’est-à-dire composés d’hommes qui soient naturellement les plus courageux ; le gouvernement doit être de nature à réserver tous les honneurs civils à un petit nombre de nobles, de pères de famille qui fassent consister le bien public dans la conservation de ce pouvoir absolu qu’ils avaient originairement sur leurs familles et qu’ils ont maintenant dans l’État, de sorte qu’ils entendent le mot patrie dans le sens étymologique qu’on peut lui donner : l’intérêt des pères (patria, sous-entendu res).

Tel fut donc l’héroïsme des premiers peuples, telle la nature morale des héros, tels leurs usages, leurs gouvernements et leurs lois. Cet héroïsme ne peut désormais se représenter, pour des causes toutes contraires à celles que nous avons énumérées et qui ont produit deux sortes de gouvernements humains, les républiques populaires et les monarchies. Le héros digne de ce nom, caractère bien différent de celui des temps héroïques, est appelé par les souhaits des peuples affligés ; les philosophes en raisonnent, les poètes l’imaginent, mais la nature des sociétés ne permet pas d’espérer un tel bienfait du ciel.

Tout ce que nous avons dit jusqu’ici sur l’héroïsme des premiers peuples reçoit un nouveau jour des axiomes relatifs à l’héroïsme romain, que l’on trouvera analogue à l’héroïsme des Athéniens encore gouvernés par le sénat aristocratique de l’Aréopage et à l’héroïsme de Sparte, république d’Héraclides, c’est-à-dire de héros ou nobles, comme on l’a démontré.