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y voyons encore le monstre qui doit dévorer Andromède, et le cheval ailé sur lequel Persée vient la délivrer. Les voiles du vaisseau furent appelées ses ailes, alarum remigium. Le fil d’Ariane est l’art de la navigation, qui conduisit Thésée à travers le labyrinthe des îles de la mer Egée.

Plutarque, dans sa Vie de Thésée, dit que les héros tenaient à grand honneur le nom de brigands, de même qu’au moyen âge, où reparut la barbarie antique, l’italien corsale était pris pour un titre de seigneurie. Solon, dans sa législation, permit, dit-on, les associations pour cause de piraterie. Mais ce qui étonne le plus, c’est que Platon et Aristote placent le brigandage parmi les espèces de chasse. En cela, les plus grands philosophes d’une nation si éclairée sont d’accord avec les barbares de l’ancienne Germanie, chez lesquels, au rapport de César, le brigandage, loin de paraître infâme, était regardé comme un exercice de vertu. Pour des peuples qui ne s’appliquaient à aucun art, c’était fuir l’oisiveté. Cette coutume barbare dura si longtemps chez les nations les plus policées, qu’au rapport de Polybe, les Romains imposèrent aux Carthaginois, entre autres conditions de paix, celle de ne point passer le cap de Pélore pour cause de commerce ou de piraterie. Si l’on allègue qu’à cette époque les Carthaginois et les Romains n’étaient, de leur propre aveu, que des barbares[1], nous citerons les Grecs eux-mêmes qui, au temps de leur plus haute civilisation, pratiquaient, comme le montrent les sujets de leurs comé-

  1. Plaute dit dans plusieurs endroits qu’il a traduit, en langue barbare, les comédies grecques… Marcus vertit barbare. (Vico.)