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entiers ; et les poètes, en continuant à se servir de ces mots composés, n’ont fait qu’user de leur droit. Cette facilité de composition dut être une propriété commune à toutes les langues primitives. Elles se créèrent d’abord des noms, ensuite des verbes, et lorsque les verbes leur manquèrent, elles unirent les noms eux-mêmes. Voilà les principes de tout ce qu’a écrit Morhof dans ses recherches sur la langue et la poésie allemandes[1].

Nous croyons avoir victorieusement réfuté l’erreur commune des grammairiens qui prétendent que la prose précéda les vers, et avoir montré dans l’origine de la poésie, telle que nous l’avons découverte, l’origine des langues et celle des lettres.


§ VI.


Corollaires relatifs à la logique des esprits cultivés.


1. D’après tout ce que nous venons d’établir en vertu de cette logique poétique, relativement à l’origine des langues, nous reconnaissons que c’est avec raison que les premiers auteurs du langage furent réputés sages dans tous les âges suivants, puisqu’ils donnèrent aux choses des noms conformes à leur nature, et remarquables par la propriété. Aussi nous avons vu que,

  1. Nous trouvons ici une preuve de ce que nous avons avancé dans les axiomes : Si les savants s’appliquent à trouver les origines de la langue allemande en suivant nos principes, ils y feront d’étonnantes découvertes. (Vico.)