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game en devint la citadelle. — Plaçons à côté de ces deux passages la tradition égyptienne d’après laquelle Thot ou Hermès aurait trouvé les lois et les lettres.

A l’appui de ces vérités nous présenterons les suivantes : chez les Grecs, le mot nom signifia la même chose que caractère[1], et par analogie, les Pères de l’Eglise traitent indifféremment de divinis caracteribus et de divinis nominibus. Nomen et definitio signifient la même chose, puisqu’on termes de rhétorique on dit quæstio nominis pour celle qui cherche la définition du fait, et qu’en médecine la partie qu’on appelle nomenclature est celle qui définit la nature des maladies. — Chez les Romains, nomina désigna d’abord, et dans son sens propre, les maisons partagées en plusieurs familles. Les Grecs prirent d’abord ce mot dans le même sens, comme le prouvent les noms patronymiques, les noms des pères, dont les poètes, et surtout Homère, font un usage si fréquent. De même, les patriciens de Rome sont définis dans Tite-Live de la manière suivante, qui possunt nomine ciere patrem. Ces noms patronymiques se perdirent ensuite dans la Grèce, lorsqu’elle eut partout des gouvernements démocratiques ; mais à Sparte, république aristocratique, ils furent conservés par les

  1. Le besoin d’assurer les terres à leurs possesseurs fut un des motifs qui déterminèrent le plus puissamment l’invention des caractères ou noms (dans le sens originaire de nomina, maisons divisées en plusieurs familles ou gentes). Ainsi Mercure Trismégiste, symbole poétique des premiers fondateurs de la civilisation égyptienne, inventa les lois et les lettres ; et c’est du nom de Mercure, regardé aussi comme le dieu des marchands, mercatorum, que les Italiens disent mercare pour marquer de lettres ou de signes quelconques les bestiaux et les autres objets de commerce (robe da mercantare) pour la distinction et la sûreté des propriétés. Qui ne s’étonnerait de voir subsister jusqu’à nos jours une telle conformité de pensée et de langage entre les nations ? (Vico.)