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Au premier âge, le droit et la raison, c’est ce qui est ordonné d’en haut, c’est ce que les dieux ont révélé par les auspices, par les oracles et autres signes matériels. Le droit est fondé sur une autorité divine. Demander la moindre explication serait un blasphème. Admirons la Providence qui permit qu’à une époque où les hommes étaient incapables de discerner le droit, la raison véritable, ils trouvassent dans leur erreur un principe d’ordre et de conduite. La jurisprudence, la science de ce droit divin, ne pouvait être que la connaissance des rites religieux ; la justice était tout entière dans l’observation de certaines pratiques, de certaines cérémonies. De là le respect superstitieux des Romains pour les acta legitima ; chez eux, les noces, le testament étaient dits justa, lorsque les cérémonies requises avaient été accomplies.

Le premier tribunal fut celui des dieux ; c’est à eux qu’en appelaient ceux qui recevaient quelque tort, ce sont eux qu’ils invoquaient comme témoins et comme juges. Quand les jugements de la religion se régularisèrent, les coupables furent dévoués, anathématisés ; sur cette sentence, ils devaient être mis à mort. On la prononçait contre un peuple aussi bien que contre un individu ; les guerres (pura et pia bella) étaient des jugements de Dieu. Elles avaient toutes un caractère de religion : les hérauts qui les déclaraient, dévouaient les ennemis et appelaient leurs dieux hors de leurs murs ; les vaincus étaient considérés comme sans dieux ; les rois, traînés derrière le char des triomphateurs romains, étaient offerts au Capitole à Jupiter Férétrien, et de là immolés.

Les duels furent encore une espèce de jugements