sujet pris pour sa forme et ses accidents vint de l’incapacité d’abstraire du sujet les accidents et la forme. Celles de la cause pour l’effet sont autant de petites fables ; les hommes s’imaginèrent les causes comme des femmes qu’ils revêtaient de leurs effets : ainsi l’affreuse pauvreté, la triste vieillesse, la pâle mort.
3. La synecdoque fut employée ensuite, à mesure que l’on s’éleva des particularités aux généralités, ou que l’on réunit les parties pour composer leurs entiers. Le nom de mortel fut d’abord réservé aux hommes, seuls êtres dont la condition mortelle dut se faire remarquer. Le mot tête fut pris pour l’homme, dont elle est la partie la plus capable de frapper l’attention. Homme est une abstraction qui comprend génériquement le corps et toutes ses parties, l’intelligence et toutes les facultés intellectuelles, le cœur et toutes les habitudes morales. Il était naturel que, dans l’origine, tignum et culmen signifiassent au propre une poutre et de la paille ; plus tard, lorsque les cités s’embellirent, ces mots signifièrent tout l’édifice. De même le toit pour la maison entière, parce qu’aux premiers temps on se contentait d’un abri pour toute habitation. Ainsi puppis, la poupe, pour le vaisseau, parce que cette partie, la plus élevée du vaisseau, est la première qu’on voit du rivage ; et chez les modernes on a dit une voile pour un vaisseau ; mucro, la pointe, pour l’épée ; ce dernier mot est abstrait et comprend génériquement la pomme, la garde, le tranchant et la pointe ; ce que les hommes remarquèrent d’abord, ce fut la pointe qui les effrayait. On prit encore la matière pour l’ensemble de la matière et de la forme : par exemple, le fer pour l’épée ; c’est qu’on ne savait pas encore abstraire la forme de la