comme d’autant de femmes (la justice, la poésie, etc.),
et nous ramenons à ces êtres fantastiques toutes les
causes, toutes les propriétés, tous les effets des choses
qu’ils désignent. C’est que nous ne pouvons exposer
au dehors les choses intellectuelles contenues dans
notre entendement, sans être secondés par l’imagination, qui nous aide à les expliquer et à les peindre
sous une image humaine. Les premiers hommes (les
poètes théologiens), encore incapables d’abstraire, firent
une chose toute contraire, mais plus sublime : ils donnèrent des sentiments et des passions aux êtres matériels, et même aux plus étendus de ces êtres, au ciel,
à la terre, à la mer. Plus tard, la puissance d’abstraire
se fortifiant, ces vastes imaginations se resserrèrent, et
les mêmes objets furent désignés par les signes les
plus petits ; Jupiter, Neptune et Cybéle devinrent si
petits, si légers, que le premier vola sur les ailes d’un
aigle ; le second courut sur la mer, porté dans un
mince coquillage, et la troisième fut assise sur un
lion.
Les formes mythologiques (mytologie) doivent donc être, comme le mot l’indique, le langage propre des fables ; les fables étant autant de genres dans la langue de l’imagination (generi fantastici), les formes mythologiques sont des allégories qui y répondent. Chacune comprend sous elle plusieurs espèces ou plusieurs individus. Achille est l’idée de la valeur, commune à tous les vaillants ; Ulysse, l’idée de la prudence commune à tous les sages.