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mie de ces fables, mais ils en eurent plusieurs autres encore. Le premier fut leur respect pour la religion : chez les Gentils, toute société fut fondée par les fables sur la religion. Le second motif fut leur juste admiration pour l’ordre social qui en est résulté, et qui ne pouvait être que l’ouvrage d’une sagesse surnaturelle. En troisième lieu, ces fables, tant célébrées pour leur sagesse et entourées d’un respect religieux, ouvraient mille routes aux recherches des philosophes, et appelaient leurs méditations sur les plus hautes questions de la philosophie. Quatrièmement, elles leur donnaient la facilité d’exposer les idées philosophiques les plus sublimes, en se servant des expressions des poètes, héritage heureux qu’ils avaient recueilli. Un dernier motif, assez puissant à lui seul, c’est la facilité que trouvaient les philosophes à consacrer leurs opinions par l’autorité de la sagesse poétique et par la sanction de la religion. De ces cinq motifs les deux premiers et le dernier impliquaient une louange de la sagesse divine, qui a ordonné le monde civil, et un témoignage que lui rendaient les philosophes, même au milieu de leurs erreurs. Le troisième et le quatrième étaient autant d’artifices salutaires que permettait la Providence, afin qu’il se formât des philosophes capables de la comprendre et de la reconnaître pour ce qu’elle est, un attribut du vrai Dieu. Nous verrons, d’un bout à l’autre de ce livre, que tout ce que les poètes avaient d’abord senti relativement à la sagesse vulgaire, les philosophes le comprirent ensuite relativement à une sagesse plus élevée (riposta) ; de sorte qu’on appellerait avec raison les premiers le sens, les seconds l’intelligence du genre humain. On peut dire