besoins et des maux éprouvés par les hommes : voilà les preuves que nous fournit l’éternelle bonté de Dieu. — Ces trois sortes de preuves peuvent se ramener à une seule : Dans toute la série des choses possibles, notre esprit peut-il imaginer des causes plus nombreuses, moins nombreuses, ou autres, que celles dont le monde social est résulté ?… Sans doute le lecteur éprouvera un plaisir divin en ce corps mortel, lorsqu’il contemplera dans l’uniformité des idées divines ce monde des nations par toute l’étendue et la variété des lieux et des temps. Ainsi nous aurons prouvé par le fait aux Épicuriens que leur hasard ne peut errer selon la folie de ses caprices, et aux Stoïciens que leur chaîne éternelle des causes à laquelle ils veulent attacher le monde, est elle-même suspendue à la main puissante et bienfaisante du Dieu très grand et très bon.
Ces preuves théologiques seront appuyées par une espèce de preuves logiques dont nous allons parler. En réfléchissant sur les commencements de la religion et de la civilisation païennes, on arrive à ces premières origines au delà desquelles c’est une vaine curiosité d’en demander d’antérieures ; ce qui est le caractère propre des principes. Alors s’expliquera la manière particulière dont les choses sont nées, autrement dit, leur nature (axiome 14) ; or l’explication de la nature des choses est le propre de la science. Enfin cette explication de leur nature se confirmera par l’observation des propriétés éternelles qu’elles conservent ; lesquelles propriétés ne peuvent résulter que de ce qu’elles sont nées dans tel temps, dans tel lieu et de telle manière, en d’autres termes, de ce qu’elles ont une telle nature (axiomes 14, 15).