la sagesse infinie, tout ce qu’elle dispose soit ordre et
harmonie… qu’ayant pour fin son immense bonté,
elle n’ordonne rien qui ne tende à un bien toujours
supérieur à celui que les hommes se sont proposé ?
Dans l’obscurité jusqu’ici impénétrable qui couvre
l’origine des nations, dans la variété infinie de leurs
mœurs et de leurs coutumes, dans l’immensité d’un
sujet qui embrasse toutes les choses humaines,
peut-on désirer des preuves plus sublimes que celles
que nous offriront la facilité des moyens employés,
par la Providence, l’ordre qu’elle établit, la fin
qu’elle se propose, laquelle fin n’est autre que la
conservation du genre humain ? Voulons-nous que
ces preuves deviennent distinctes et lumineuses ?
Réfléchissons avec quelle facilité l’on voit naître les
choses, par suite d’occasions lointaines et souvent
contraires aux desseins des hommes ; et néanmoins
elles viennent s’y adapter comme d’elles-mêmes ; autant de preuves que nous fournit la toute-puissance.
Observons encore, dans l’ordre des choses humaines,
comme elles naissent au temps, au lieu où elles doivent
naître, comme elles sont différées quand il convient
qu’elles le soient[1] ; c’est l’ouvrage de la sagesse infinie.
Considérons en dernier lieu si nous pouvons concevoir
dans telle occasion, dans tel lieu, dans tel temps,
quelques bienfaits divins qui eussent pu mieux conduire et conserver la société humaine, au milieu des
- ↑ C’est en cela qu’Horace fait consister toute la beauté de l’ordre :
Ordinis haec virtus erit et vcaiis, aut ego fallor,
Ut jam nunc dicat, jam nunc debentia dici
Pleraque differat, et prœsens in tempus omittat.
Hor., Art poétique, (Vico.)