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ou à l’intérêt, et cela peu à peu, et le moins qu’ils peuvent. Dans ces deux axiomes nous voyons les principes éternels des fiefs, qui se traduisent en latin avec élégance par le mot beneficia.


82. Chez toutes les nations anciennes nous ne trouvons partout que clientèles et clients, mot qu’on ne peut entendre convenablement que par fiefs et vassaux. Les feudistes ne trouvent point d’expressions latines plus convenables pour traduire ces derniers mots que clientes et clientelæ.

Les trois derniers axiomes avec les douze précédents (en partant du 70e), nous font connaître l’origine des sociétés. Nous trouvons cette origine, comme on le verra d’une manière plus précise, dans la nécessité imposée aux pères de famille par leurs serviteurs. Ce premier gouvernement dut être aristocratique, parce que les pères de familles s’unirent en corps politique pour résister à leurs serviteurs mutinés contre eux, et furent cependant obligés pour les ramener à l’obéissance, de leur faire des concessions de terre analogues aux feuda rustica (fiefs roturiers) du moyen âge. Ils se trouvèrent eux-mêmes avoir assujetti leurs souverainetés domestiques (que l’on peut comparer aux fiefs nobles) à la souveraineté de l’ordre dont ils faisaient partie. Cette origine des sociétés sera prouvée par le fait ; mais quand elle ne serait qu’une hypothèse, elle est si simple et si naturelle, tant de phénomènes politiques s’y rapportent d’eux-mêmes comme à leur cause, qu’il faudrait encore l’admettre comme vraie. Autrement il devient impossible de comprendre comment l’autorité civile dériva de l’autorité domestique ;