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63-65. Principes étymologiques.


63. L’âme est portée naturellement à se voir au dehors et dans la matière ; ce n’est qu’avec beaucoup de peine et par la réflexion qu’elle en vient à se comprendre elle-même. — Principe universel d’étymologie ; nous voyons, en effet, dans toutes les langues, les choses de l’âme et de l’intelligence exprimées par des métaphores qui sont tirées des corps et de leurs propriétés.


64. L’ordre des idées doit suivre l’ordre des choses.


65. Tel est l’ordre que suivent les choses humaines : d’abord les forêts, puis les cabanes, puis les villages, ensuite les cités ou réunions de citoyens, enfin les académies ou réunions de savants. — Autre grand principe étymologique, d’après lequel l’histoire des langues indigènes doit suivre cette série de changements que subissent les choses. Ainsi dans la langue latine nous pouvons observer que tous les mots ont des origines sauvages et agrestes : par exemple, lex (legere, cueillir) dut signifier d’abord récolte de glands, d’où l’arbre qui produit les glands fut appelé illex, ilex ; de même que aquilex est incontestablement celui qui recueille les eaux. Ensuite lex désigna la récolte des légumes (legumina) qui en dérivent leur nom. Plus tard, lorsqu’on n’avait pas de lettres pour écrire les lois, lex désigna nécessairement la réunion des citoyens ou l’assemblée publique. La présence du peuple constituait la loi qui rendait les testaments authentiques, calatis comitiis. Enfin l’action de recueillir