idées correspond à celle des choses. Or, les degrés de la civilisation peuvent être ainsi indiqués : Forêts, cabanes, villages, cités ou sociétés de citoyens, académies ou sociétés de savants ; les hommes habitent d’abord les montagnes, ensuite les plaines, enfin les rivages. Les idées et les perfectionnements du langage ont dû suivre cet ordre. Ce principe étymologique suffit pour les langues indigènes, pour celles des pays barbares qui restent impénétrables aux étrangers, jusqu’à ce qu’ils leur soient ouverts par la guerre ou par le commerce. Il montre combien les philologues ont eu tort d’établir que la signification des langues est arbitraire. Leur origine fut naturelle ; leur signification doit être fondée en nature. On peut l’observer dans le latin, langue plus héroïque, moins raffinée que le grec ; tous les mots y sont tirés par figures d’objets agrestes et sauvages.
La langue héroïque employa pour noms communs des noms propres ou des noms de peuples. Les anciens Romains disaient un Tarentin pour un homme parfumé. Tous les peuples de l’antiquité dirent un Hercule pour un héros. Cette création des caractères idéaux, qui semblerait l’effort d’un art ingénieux, fut une nécessité pour l’esprit humain. Voyez l’enfant : les noms des premières personnes, des premières choses qu’il a vues, il les donne à toutes celles en qui il remarque quelque analogie. De même les premiers hommes, incapables de former l’idée abstraite du poète, du héros, nommèrent tous les héros du nom du premier héros, tous les poètes, etc. Par un effet de notre amour instinctif de l’uniformité, ils ajoutèrent à ces premières idées des fictions singulièrement en