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qu’ils avaient divinisés. Pour dire la mer, ils la montraient de la main ; plus tard ils dirent Neptune. C’est la langue des dieux dont parle Homère. Les noms des trente mille dieux latins recueillis par Varron, ceux des Grecs non moins nombreux, formaient le vocabulaire divin de ces deux peuples. Originairement la langue divine ne pouvant se parler que par actions, presque toute action était consacrée ; la vie n’était, pour ainsi dire, qu’une suite d’actes muets de religion. De là restèrent dans la jurisprudence romaine les acta legitima, cette pantomime qui accompagnait toutes les transactions civiles. Les hiéroglyphes furent l’écriture propre à cette langue imparfaite, loin qu’ils aient été inventés par les philosophes pour y cacher les mystères d’une sagesse profonde. Toutes les nations barbares ont été forcées de commencer ainsi, en attendant qu’elles se formassent un meilleur système de langage et d’écriture. Cette langue muette convenait à un âge où dominaient les religions ; elles veulent être respectées, plutôt que raisonnées.

Dans l’âge héroïque, la langue divine subsistait encore, la langue humaine ou articulée commençait ; mais cet âge en eut de plus une qui lui fut propre, je parle des emblèmes, des devises, nouveau genre de signes qui n’ont qu’un rapport indirect à la pensée. C’est cette langue que parlent les armes des héros ; elle est restée celle de la discipline militaire. Transportée dans la langue articulée, elle dut donner naissance aux comparaisons, aux métaphores, etc. En général la métaphore fait le fond des langues.

Le premier principe qui doit nous guider dans la recherche des étymologies, c’est que la marche des