Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


10. La philosophie contemple la raison, d’où vient la science du vrai ; la philologie étudie les actes de la liberté humaine, elle en suit l’autorité ; et c’est de là que vient la conscience du certain. — Ainsi nous comprenons sous le nom de philologues tous les grammairiens, historiens, critiques, lesquels s’occupent de la connaissance des langues et des faits (tant des faits intérieurs de l’histoire des peuples, comme lois et usages, que des faits extérieurs, comme guerres, traités de paix et d’alliance, commerce, voyages).

Le même axiome nous montre que les philosophes sont restés à moitié chemin en négligeant de donner à leurs raisonnements une certitude tirée de l’autorité des philologues ; que les philologues sont tombés dans la même faute, puisqu’ils ont négligé de donner aux faits ce caractère de vérité qu’ils auraient tiré des raisonnements philosophiques. Si les philosophes et les philologues eussent évité ce double écueil, ils eussent été plus utiles à la société, et ils nous auraient prévenus dans la recherche de cette nouvelle science.


11. L’étude des actes de la liberté humaine, si incertaine de sa nature, tire sa certitude et sa détermination du sens commun appliqué par les hommes aux nécessités ou utilités humaines, double source du droit naturel des gens[1].


12. Le sens commun est un jugement sans réflexion.

  1. Le droit naturel des gens a, dans Vico, une signification très étendue. Il comprend non seulement les rapports des sociétés entre elles, mais même tous les rapports des individus entre eux. (Note du Trad.)