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possibles ; mais dès qu’elle sort des trois dimensions et des nombres, elle ne peut guère servir à faire des découvertes, mais seulement à mettre en ordre ce qu’on a découvert. Votre exemple, docte Paolo, me confirmerait dans ce sentiment. Car pourquoi tant d’autres sont-ils si experts dans cette méthode, et ne peuvent-ils trouver les belles pensées auxquelles vous arrivez ? Vous, c’est dans un âge avancé que vous avez pénétré dans ce que les lettres ont de plus intime ; votre vie s’était passée dans des procès relatifs à la grande fortune que vous disputaient des princes et des hommes puissants de votre famille. Vous remplissez tout office libéral dans un siècle où la vie en est accablée, vous satisfaites à tout et le jour et souvent bien avant dans la nuit ; et vous avez bientôt fait autant de progrès dans ces études, qu’un autre en aurait fait qui s’y serait toujours tenu renfermé. Et que votre modestie ne rapporte pas à la méthode ce qui est le don de votre divin génie.

Concluons que ce n’est point la méthode géométrique qu’il faut introduire dans la physique, mais la démonstration elle-même. Les grands géomètres ont appliqué à la considération des principes physiques les principes mathématiques, comme parmi les anciens Pythagore et Platon, et parmi les modernes Galilée.

Ainsi on peut expliquer des phénomènes particuliers de la nature par des expériences particulières qui soient des opérations particulières de géométrie. C’est à quoi se sont appliqués dans notre Italie le grand Galilée et d’autres illustres physiciens, qui, avant qu’on introduisît la méthode géométrique dans la physique, expliquèrent de cette manière d’innom-