rassé les philosophes ; et si l’on ne trouvait point le nœud délié, nous pourrions le trancher d’un mot : Nulle chose ne reste longtemps hors de son état naturel ; l’homme est sociable, puisqu’il reste en société.
Dans le développement de la société humaine, dans la marche de la civilisation, on peut distinguer trois âges, trois périodes : âge divin ou théocratique, âge héroïque, âge humain ou civilisé. À cette division répond celle des temps obscurs, fabuleux, historiques. C’est surtout dans l’histoire des langues que l’exactitude de cette classification est manifeste. Celle que nous parlons a dû être précédée par une langue métaphorique et poétique, et celle-ci par une langue hiéroglyphique ou sacrée.
Nous nous occuperons principalement des deux premières périodes. Les causes de cette civilisation dont nous sommes si fiers, doivent être recherchées dans les âges que nous nommons barbares, et qu’il serait mieux d’appeler religieux et poétiques ; toute la sagesse du genre humain y était déjà dans son ébauche et dans son germe. Mais lorsque nous essayons de remonter vers des temps si loin de nous, que de difficultés nous arrêtent ! La plupart des monuments ont péri, et ceux même qui nous restent ont été altérés, dénaturés par les préjugés des âges suivants. Ne pouvant expliquer les origines de la société, et ne se résignant point à les ignorer, on s’est représenté la barbarie antique d’après la civilisation moderne. Les vanités nationales ont été soutenues par la vanité des savants qui mettent leur gloire à reculer l’origine de leurs sciences favorites. Frappé de l’heureux instinct qui guida les premiers hommes, on s’est exagéré leurs