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là est aussi le scitum, que les Italiens rendent avec non moins d’élégance par ben’ intenso et aggiustato. Est-ce parce que la science consiste à faire que les choses se correspondent dans de belles proportions, ce qui n’est au pouvoir que des ingeniosi ? C’est pour cela que la géométrie et l’arithmétique qui en enseignent les moyens, sont les plus éprouvées de toutes les sciences, et que ceux qui y excellent sont appelés en italien ingegnieri, ingénieurs.


§ IV. — De la faculté certaine du savoir.


Ces réflexions nous donnent occasion de rechercher quelle est dans l’homme la faculté propre de savoir ; car l’homme perçoit, juge, raisonne, mais souvent il a des perceptions fausses, il porte des jugements aveugles ; il raisonne de travers. La philosophie grecque donna l’énumération suivante des facultés de savoir qui ont été données à l’homme, et des arts par lesquels chacune se gouverne : faculté de percevoir dirigée par la topique, de juger par la critique, de raisonner par la méthode. Pour la méthode, ils n’en ont pas donné les préceptes dans leurs ouvrages de dialectique, parce que les enfants l’apprenaient aisément en étudiant la géométrie. Hors de la sphère de la géométrie, l’antiquité pensait que l’ordre doit être confié à la prudence, qui ne se dirige par aucun art et qui est prudence par cela même. Les artisans seuls vous prescrivent de placer ceci dans un lieu, cela dans un autre, cela encore dans un troisième, manière d’agir moins propre à former un homme prudent qu’un ouvrier. Et