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ex animi tui sententia. Serait-ce que les anciens philosophes de l’Italie auraient pensé avec les aristotéliciens que l’esprit humain ne perçoit rien que par les sens ? ou avec la secte d’Épicure qu’il n’est rien que sens ; ou avec les platoniciens et les stoïciens que la raison est un sens éthéré et très pur ? Et en effet, il n’y a aucune école païenne qui ait cru l’âme humaine pure de toute corporéité. Voilà pourquoi l’antiquité pensait que toute œuvre de l’esprit était sens ; c’est-à-dire que tout ce que l’esprit peut faire ou souffrir n’est qu’un tact des corps. Mais notre religion nous apprend que l’esprit est absolument incorporel, et nos métaphysiciens prouvent à l’appui que, quand les organes corporels des sens sont mus par des corps, c’est Dieu qui, à cette occasion, les met en mouvement.


§ II. — Memoria et phantasia.


Les Latins appellent la mémoire memoria lorsqu’elle garde les perceptions des sens, et reminiscentia quand elle les rend. Mais ils désignaient de même la faculté par laquelle nous formons des images, et qui s’appelle chez les Grecs phantasia, et chez nous imaginativa ; car ce que nous disons vulgairement imaginer, les Latins le disaient memorare. Est-ce parce que nous ne pouvons imaginer que ce que nous nous rappelons, et nous ne nous rappelons que ce que nous avons perçu par les sens ? Il n’y a pas de peintre qui ait jamais peint aucune espèce de plantes ou d’animaux qui ne se trouve dans la nature ; les hippogriffes et les centaures ne sont que des êtres