entre les mouvements des projectiles et celui par lequel le feu flamboie, la plante croît et l’animal bondit dans les prés. Ce sont toujours des impulsions de l’air, et de même que le mouvement général de l’air devient par le secours de machines particulières le mouvement propre de la flamme, de la plante et de la bête, de même se détermine le mouvement propre des projectiles. Certainement la chaleur qu’une balle acquiert en se mouvant, ne lui est pas communiquée par une main, et pourtant il est certain de toute certitude que cette chaleur lui est propre. Or, qu’est-ce que la chaleur, sinon du mouvement ? La main est donc la machine propre du jet, par laquelle les nerfs sont déterminés à mouvoir le projectile ; et l’impulsion de l’air, cette machine universelle, devient la machine propre du projectile ; la chaleur lui est donc propre, et souvent le feu.
CHAPITRE V
Animus et Anima.
Ces deux expressions animus et anima (anima vivimus, animo sentimus) ont tant de justesse et d’élégance, que Lucrèce les revendique comme nées dans les jardins d’Épicure. Mais il faut remarquer que les Latins disent aussi anima pour air, la chose la plus mobile qui soit ; et nous avons dit plus haut que c’est la seule chose qui se meut du mouvement commun à tous les corps, et que l’intervention de machines particulières rend ensuite propre à chacun. On peut donc