plus en plus loin dans le vide infini. Ensuite, c’est une fiction que la nature même ne souffre point. En effet, les corps ne sont solides que parce qu’ils se meuvent dans le plein, et ils sont plus ou moins solides selon qu’ils résistent plus ou moins aux autres corps, et qu’ils en éprouvent plus ou moins de résistance. Si cette résistance n’avait pas lieu, ils ne pourraient se mouvoir ni en ligne droite, ni à l’infini ; mais de même que si on ôtait d’un lieu tout l’air qui y est contenu, les parois de ce lieu viendraient se choquer l’une contre l’autre, de même aussi un corps amené dans le vide s’y dissiperait. Les sages créateurs de la langue latine ont bien connu cette vérité, qu’il n’y a de droit qu’en métaphysique, et en physique que de l’irrégulier ; les Latins, dans la superstitieuse exactitude de leur langage, opposaient nihil à recte ; ce qui fait entendre qu’au rien s’oppose le droit, le parfait, l’accompli, l’infini ; et que le fini, l’irrégulier, l’imparfait n’est quasi rien.
Le repos est chose métaphysique, le mouvement chose physique. La physique ne permet pas d’imaginer un corps laissé à lui-même, ou, comme on dit, indifférent au mouvement et au repos. Car on ne peut imaginer quelque chose dans la nature et hors de la nature en même temps. Or la nature est un mouvement par lequel les choses se forment, vivent, et se dissolvent, et à tout moment une chose se compose avec nous et une autre s’en sépare. Être composé, c’est être en mouvement. Le mou-