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les globules ne peuvent se propager sur une seule ligne qui ait de l’étendue, car les étendues sont déterminées par leurs extrémités, et les extrémités séparées par les intermédiaires ; or les extrêmes et les intermédiaires se parcourent dans le temps et par un véritable mouvement. Ainsi, pour que la lumière se produisit par un pur effort et dans un seul instant, les globules devraient se propager en des points sans parties. Voilà donc une chose dans la nature qui n’aurait aucune étendue. Mais ces points où l’on dit que se répand la lumière et que naissent les ténèbres, sont très corporels, ils ne sont pas assez réduits pour le génie délié de la géométrie, ils ne sont pas assez dépouillés d’étendue pour la subtilité métaphysique.

Ainsi, dans la nature telle qu’elle est en sa réalité, où se trouvent des objets étendus de différents genres, impénétrables ou pénétrables, il n’y a pas d’efforts, mais de véritables mouvements. Les phénomènes de la nature réelle ne doivent donc pas s’expliquer par vertus et puissances. Aujourd’hui ces explications par sympathies et aversions naturelles, par desseins mystérieux de la nature ou qualités occultes, tout cela, dis-je, est expulsé des écoles de physique. Il reste encore de la métaphysique le mot effort. Pour donner la dernière perfection au langage des choses naturelles, il faut renvoyer ce mot, comme le reste, aux écoles des métaphysiciens.

Pour nous résumer : La nature est mouvement ; la vertu motrice indéfinie qui produit ce mouvement, c’est l’effort ; l’effort est produit par l’intelligence infinie, immobile en soi. Dieu. Les œuvres de la nature