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corps doué de quantité et de qualité ; tels sont les anciens qui ont donné comme tels la terre, l’eau, l’air, le feu, soit un seul élément, soit deux, soit tous les quatre ensemble ; tels aussi parmi les modernes sont les chimistes. Mais ceux-ci ne disent sur les principes rien qui soit digne du sujet ; de leurs principes ils ne parviennent guère à tirer des explications satisfaisantes des phénomènes particuliers, si ce n’est dans un très petit nombre de cas, où l’empirisme les a mieux guidés que la réflexion.

Zénon, grand métaphysicien, fit usage des hypothèses des géomètres ; il expliqua par le point les principes des choses, comme Pythagore les expliquait par le nombre. Descartes, aussi grand géomètre que grand métaphysicien, s’est pourtant rapproché d’Épicure ; les fautes qu’il commet, dès les principes, sur le mouvement et la formation des éléments, sur le plein universel, comme Epicure sur le vide et la déclinaison des atomes, il les rachète par l’explication heureuse des phénomènes particuliers de la nature. Ceci résulte-t-il de ce qu’ils ne voient tous deux dans la nature que figure et lois mécaniques, et que les effets particuliers de la nature sont tous donnés sous la condition de la forme et du mouvement ? D’autre part, ils devaient naturellement méconnaître les principes et les vertus essentielles, parce qu’il n’y a pas de figure dans l’immatériel, et rien de mécanique dans l’indéfini. Nous en avons assez dit pour faire comprendre la pensée de Zénon et lui donner quelque gravité. Entrons maintenant dans le fond même du sujet. La moindre parcelle d’étendue peut se diviser à l’infini, c’est ce qu’Aristote prouve par une démonstration