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tiers le mot pourvu qu’ils m’accordent la chose. Mais c’est mal s’exprimer que de dire qu’une toise est infinie, parce qu’on peut s’en servir pour mesurer toutes les étendues.


CHAPITRE III

Des causes.


Les Latins confondent caussa avec negotium, cause avec opération, et ce qui naît de la cause, ils l’appellent effet, effectus. Ces locutions semblent s’accorder avec ce que nous avons établi sur le fait et le vrai. Car si le vrai, c’est ce qui est fait, prouver par les causes, c’est faire, et ainsi caussa et negotium, cause et opération, sont identiques, le fait et le vrai c’est même chose, savoir un effet. Les causes dont on s’occupe le plus en physique sont la matière et la forme ; dans la morale c’est la cause finale, dans la métaphysique la cause efficiente. Il est donc vraisemblable que les anciens philosophes de l’Italie pensèrent que c’est prouver par les causes que d’introduire l’ordre dans la matière, dans les éléments indigestes d’une chose, et de les faire passer de la dispersion à l’unité ; ordre et union d’où résulte une forme certaine qui impose à la matière une nature spéciale et propre. Si cela est vrai, l’arithmétique et la géométrie, que l’on considère comme ne recourant jamais aux causes dans leurs démonstrations, prouvent véritablement par les causes. Et pourquoi ces sciences démontrent-elles par les causes ? C’est qu’ici l’esprit humain contient les élé-