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qu’il n’y a point de science de la pensée. Le dogmatique répliquera que le sceptique acquiert par la conscience de sa pensée la science de l’être, puisque de la conscience de la pensée naît la certitude inébranlable de l’existence. Et nul ne peut être certain qu’il est, s’il ne fait son être d’une chose dont il ne puisse douter. C’est pourquoi le sceptique n’est pas certain qu’il est, parce qu’il ne tire pas cela d’une chose absolument indubitable. Le sceptique répondra en niant que la conscience de la pensée puisse donner la science de l’être. Car il soutient que savoir, c’est connaître les causes dont une chose naît ; mais moi qui pense, je suis esprit et corps, et si la pensée était la cause qui me fait être, la pensée serait la cause du corps ; or le corps c’est ce qui ne pense point. Que dis-je ! c’est parce que je suis composé de corps et d’esprit, c’est pour cela que je pense, en sorte que c’est le corps et l’esprit réunis qui sont cause de la pensée ; si je n’étais rien que corps, je ne penserais pas ; si je n’étais qu’esprit, j’aurais l’intelligence proprement dite ; car la pensée n’est pas la cause qui fait que je suis esprit, ce n’en est que le signe ; or un signe n’est pas une cause ; car un brave sceptique ne nierait point la certitude des signes, mais il nierait celle des causes.


§ III. — Contre les sceptiques.


Le seul moyen de renverser le scepticisme, c’est que nous prenions pour criterium de la vérité : On est sûr du vrai qu’on a fait soi-même. Les sceptiques vont