lieu ; notre raison humaine périt ; car, puisque Dieu a en lui-même les objets de sa pensée, et qu’il a tout présent, ce qui est en nous raisonnement est œuvre en Dieu ; enfin notre volonté fléchit ; mais comme Dieu ne se propose d’autre fin que lui-même, et comme il est parfaitement bon, sa volonté est irrésistible.
Nous trouvons la trace de ces opinions dans des locutions latines ; car le mot même minuere exprime à la fois diminution et division, pour dire que les choses divisées ne sont plus les mêmes qu’à l’état de composition, mais qu’elles sont amoindries, altérées, corrompues. Est-ce par cette raison que la méthode analytique, comme on l’appelle, qui procède par genres universaux et par syllogismes, et dont se servent les aristotéliciens, est convaincue d’impuissance ; que la méthode des nombres qu’enseigne l’algèbre est une méthode de divination ; que la méthode qui agit par le feu et la décomposition, celle de la chimie, est une méthode d’essai ? L’homme, marchant par ces voies à la découverte de la nature, s’aperçut enfin qu’il ne pouvait y atteindre, parce qu’il n’avait pas en lui les éléments dont les choses sont formées, et cela par suite des limites étroites de son esprit, pour qui toute chose est en dehors et au delà ; il sut alors utiliser ce défaut de son esprit, et par l’abstraction, comme on dit, il se créa deux éléments : un point qui pût se représenter, et une unité susceptible de multiplication. Deux fictions. Car le point, si on le figure, n’est plus un point, et l’unité qu’on multiplie n’est plus une unité. En outre, il partit de ces bases, comme il en avait le droit, pour aller jusqu’à l’infini, prolongeant les lignes dans l’immensité et poussant dans