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mistes difficiles à contenter conservent bien des doutes sur la situation, la structure et les fonctions des parties, et craignent que la mort solidifiant les liquides, interrompant le mouvement, que le scalpel altérant ce qu’il divise, le véritable état des organes ne soit plus observable non plus que leurs fonctions. Cet être, cette unité, cette figure, ce mouvement, ce corps, cette intelligence, cette volonté, sont autres en Dieu où ils ne font qu’un, autres dans l’homme où ils sont divisés. Ils vivent en Dieu, et dans l’homme ils sont morts. Car si Dieu est éminemment toutes choses, comme parlent les théologiens chrétiens, et si la génération et la corruption perpétuelle des êtres ne le changent en rien, puisqu’elles ne l’augmentent ni ne le diminuent, les êtres finis et créés sont des modifications et des dispositions de l’être infini et éternel, en sorte que Dieu seul est vraiment l’être, et que tout le reste est de l’être à proprement parler.

Aussi Platon, lorsqu’il parle de l’être d’une manière absolue, veut faire entendre la Divinité. Mais qu’est-il besoin du témoignage de Platon, quand Dieu s’est défini lui-même : Je suis celui qui suis, celui qui est, tout le reste n’étant rien auprès de lui. Nos ascètes, nos métaphysiciens chrétiens proclament de même que les plus grands d’entre nous, quelle que soit la cause de leur grandeur, ne sont rien devant Dieu. Et comme Dieu est la seule véritable unité, parce qu’il est infini et que l’infini ne peut se multiplier, l’unité créée s’anéantit devant lui ; et le corps comme tout le reste, parce que l’immense ne souffre point de mesure ; le mouvement, qui est déterminé par le lieu, périt avec le corps ; car c’est le corps qui remplit le