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réel, absolu, connu de toute éternité par le Père, et engendré par lui de toute éternité.


§ I. — De l’origine et de la vérité des sciences.


De ces idées des anciens sages de l’Italie touchant le vrai, et de la distinction qu’établit notre religion entre le fait et l’engendré, nous tirons d’abord cette conséquence, que si la parfaite vérité est en Dieu seul, nous devons tenir pour complètement vrai ce qui nous est révélé de Dieu, et ne pas chercher comment peut être vrai ce que nous ne pouvons comprendre en aucune manière. Ensuite nous pouvons remonter à l’origine des sciences humaines et enfin obtenir une règle pour reconnaître celles qui sont vraies. Dieu sait tout, parce qu’il contient en soi les éléments dont il fait toutes choses ; l’homme les divise pour les savoir ; aussi la science humaine est comme une anatomie des ouvrages de la nature. En effet, si nous voulons prendre des exemples, elle a partagé l’homme en corps et âme, et l’âme en intelligence et volonté ; elle a distingué du corps, ou, comme on dit, abstrait la figure et le mouvement, et de ces propriétés comme de toutes choses, elle a tiré l’être et l’un. La métaphysique considère l’être, l’arithmétique l’un et sa multiplication, la géométrie la figure et ses dimensions, la mécanique le mouvement du dehors, la physique le mouvement qui part du centre, la médecine étudie le corps, la logique, la raison, la morale, la volonté. Il est arrivé de cette anatomie des sciences comme de celle qui s’exerce journellement sur le corps humain : les anato-